14 juillet 1986
Shanghai, République Populaire de ChineDans une salle d'hôpital tout à fait banale, un enfant vient au monde. Il ne s'agit pas d'une naissance banale, cependant. Dès les premiers cris du poupon, sa mère se meurt d'une hémorragie, son père voit sa vie changer de direction. Un bébé, sans le savoir, vient de changer de destinée. Sans pouvoir y faire quoi que se soit. Ce bébé qui, quelques heures plus tard, fut gratifié d'un nom choisi pour lui par sa défunte mère. Song Xue Jian. Enfant tant désiré, tant attendu, mais qui suite à la mort de sa mère obtint une étiquette autre que celle d'un cadeau du ciel: l'étiquette du meurtrier.
Il a tué sa mère. Il ne mériterait même pas de vivre. - Song Han Wei29 janvier 1987
Shanghai, République Populaire de Chine"Allons, Monsieur Song, c'est son premier Festival du Printemps!"
"C'est mon premier Festival du Printemps sans ma femme! C'est lui qui me l'a enlevée, vous croyez que j'ai envie de le voir aujourd'hui?!"
En plein matin d'une journée faite sous le signe de la réjouissance, un père et une nounou se crêpent le chignon. Entre eux, petit Xuejian, 6 mois. Cause de la chicane? Lui-même. Tandis que celle qui est payée pour l'élever depuis les six derniers mois tient à lui faire célébrer son premier nouvel an chinois, son père, lui, n'est absolument pas d'accord à s'afficher avec son fils. Chaque fois que Song Hanwei pose les yeux sur le petit être qui vit sous son toit, son regard ne parle que de haine, de mépris et de rancune. Il est totalement incapable d'éprouver la moins petite parcelle de bienveillance envers sa propre chair.
"Pourquoi n'avez-vous pas accepté que mon mari et moi l'adoptions si vous êtes pour lui en vouloir de quelque chose auquel il n'a rien à voir?"
"Sa mère le désirait tellement..."
"Et il désire une présence parentale, ce pauvre enfant!"
Pourtant Song Hanwei tourna le dos et décida de clore ainsi le sujet, laissant son unique descendance pleurer dans les bras d'une personne qui, bien que l'aimant de tout son coeur, ne peut remplacer ce qu'il lui manque cruellement: des parents.
Comment peut-on en vouloir à un enfant d'être né? - Wu Xiao Yun14 juillet 1991
Shanghai, République Populaire de Chine."Shengri kuai le*, Xuejian!!!"
"Xiexie**, Yun-jie!"
"Aller, souffle les bougies!"
5 chandelles. 5 ans. Et il était seul avec sa nounou. Toujours la même, cette si fidèle Xiao Yun qui continuait d'être ce qu'il a de plus près d'une présence parentale. Non, son père ne supporte pas plus de le voir que six ans auparavant. On peut le comprendre d'aller sur la tombe de sa femme à chaque 14 juillet, c'est son anniversaire de décès. De là à ignorer l'anniversaire de naissance de son fils? Totalement.
Le gâteau fut rapidement englouti et le petit garçon avait du mal à se contenir le temps de la traditionnelle photo d'anniversaire. Il allait au parc d'attractions, pour la première fois! Xiao Yun et son mari le lui avaient promis l'an précédent, mais M. Song avait refusé. Comme quoi il tenait à ruiner la vie de son fils...
Une journée parfaite. Absolument parfaite. Jusqu'à ce que le destin décide de revenir à la charge. Un trou dans le trottoir, un petit pied trop vite... faites l'addition. Il tomba de tout son long parterre, se mettant à pleurer de douleur. La journée était terminée. on rentrait à la maison.
Je voulais juste m'amuser, moi.... - Song Xue Jian
*Joyeux anniversaire
**Merci16 juillet 1991
Shanghai, République Populaire de Chine"Xuejian, vient prendre ton bain!"
"Non."
Xiao Yun fronça les sourcils. Xuejian adorait prendre des bains. Depuis qu'il était bébé, ça l'avait toujours réconforté... Elle trouvait étrange que soudainement, il refuse de prendre son bain. Elle le soupçonnait de faire une petite colère après que son père lui ait crié dessus le matin même pour une raison tout à fait idiote, mais jamais à ce point.
"Xuejian, vient prendre ton bain." demanda-t-elle d'un ton un peu plus ferme.
"Non." répéta-t-il
Mais c'était mal connaître sa nounou que de penser qu'un simple 'non' la ferait décrocher. Loin de là. Le gamin se retrouva vite soulevé de terre, puis transporté dans la salle de bain où Xiao Yun souleva son gilet avec vitesse. Ses yeux devinrent ronds d'horreur.
La peau du petit garçon était violette. Sur tout son ventre.
"On va à l'hôpital, mon coeur." Déclara-t-elle en lui remettant son gilet, paniquée.
Puis le verdict tomba. Maladie de von Willebrand. Trouble grave de coagulation, proche cousine de l'hémophilie. La même maladie qui avait causé la mort de sa mère... Le couple Wu en parla à son père le coeur lourd alors que le petit était dorloté par les médecins. Sa réaction: un éclat de rire. Pendant qu'on lui annonçait de son enfant était atteint d'une maladie qui pourrait affecter sa vie entière, il riait aux éclats. Rien de moins.
Sa mère s'est vengée. Elle a refilé sa maladie à son meurtrier! - Song Han Wei19 septembre 2001
Shanghai, République Populaire de Chine"Xuejian, ton père veut te voir."
19h32. Il est en train de terminer ses leçons d'histoire à compléter pour le lendemain. Dans 28 minutes, son émission favorite commence. Sa routine. Pourquoi son père veut lui parler maintenant? Il lui parle jamais. Fermant ses livres, il se leva et regardant celle qui l'avait élevé pendant les 15 dernières années, se dirigea vers le bureau de celui qui avait évité son devoir de père pendant les 15 dernières années.
"Vous m'avez demandé?"
Un parfait inconnu qui vit sur le même toit. Cet être qui, sur papier et génétiquement, est son père... mais qui ne l'a jamais vraiment été.
"La mère de celle que tu as tuée veut te voir."
Bref, sa grand-mère maternelle. Il retint une grimace en entendant l'homme devant lui lui mentionner de façon directe comment sa naissance avait causé le décès de sa mère.
"Elle ne m'a pas conçu par elle-même."
Il n'avait pas pu s'en empêcher. Il en avait marre, en pleine crise d'adolescence. Cependant, il ne put empêcher ce qui suivit: la violente gifle qui s’abattit sur son visage. Tenant sa joue, il regarda celui qui la lui avait servi.
"Fais tes valises. Tu pars pour Beijing demain."
Non seulement c'est un meurtrier, il ose me le mettre en pleine figure! - Song Han Wei20 septembre 2001
Beijing, République Populaire de Chine"Mon coeur, mais qu'est-il arrivé à ton visage?"
Il regardait le plancher du grand salon de la résidence de sa grand-mère, totalement intimidé. Sur sa joue, une énorme ecchymose violacée... il n'avait pas la médication recommandé pour les gars de son état.
"Est-ce que ton père t'a frappé? Xuejian... réponds-moi, s'il te plaît."
Il n'avait pas ouvert la bouche depuis qu'il était débarqué du train. Sa grand-mère continuait à le regarder, inquiète. Elle regrettait tant de ne pas avoir été capable de convaincre Han Wei plus tôt. Elle se doutait bien que l'homme détestait son fils depuis sa naissance, mais elle n'avait jamais trouvé les bons arguments. Puis, elle avait commencé à téléphoner à chaque mois depuis pratiquement deux ans et ils avaient maintenant dans leur maison un adolescent de 15 ans qui refusait de parler.
"Xuejian, ce qui est arrivé à ta mère n'est pas de ta faute... Ne laisse pas ton père te mettre ça dans la tête."
Une réaction, enfin... Des yeux pleins de larmes levés vers elle.
"J'ai jamais voulu la tuer..."
"Je le sais, mon coeur, je le sais... C'est pas toi qui l'a tuée, c'est sa maladie... Cette même maladie que tu as et qui fait que ta joue est si pleine de sang... Tu as besoin de médication..."
Ce garçon qu'elle avait voulu serrer, bercer, alors qu'il n'était qu'un petit bébé, ce cadeau du ciel que sa fille lui avait fait avant de mourir, elle le voyait pour la première fois et elle sentait son coeur se fendre de le voir tant souffrir à un si jeune âge. Arraché de l'endroit qu'il avait toujours connu, des bons soins de celle qui l'avait élevé...
Ils parlèrent toute la nuit, apprenant à s'apprivoiser, Xuejian comprenant un peu plus sa maladie et les circonstances de la mort de sa mère... Deux semaines plus tard, Xuejian, sa grand-mère et le mari de celle-ci allaient prendre des photos a l'endroit préférée de la mère du jeune homme. Des années encore, il dira que c'était le plus beau jour en 15 ans d'existence.
Ma mère m'aimait avant même que je vienne au monde... Je dois chérir ce cadeau qu'elle m'a offert... la vie. Ainsi qu'une grand-mère qui m'aime. - Song Xue Jian25 mai 2006
Beijing, République Populaire de ChineEn pleine nuit, un téléphone sonne et un jeune homme de presque 20 ans court y répondre à une vitesse étonnante pour quelqu'un qui dormait quelques secondes avant.
"Wei?"
"Xuejian, c'est fini..."
Le même téléphone est échappé parterre alors que le jeune homme regarde dehors, réalisant que sa vie s'est effondrée une fois de plus. Sa grand-mère a rendu l'âme.
Suis-je damné à ne pas avoir de famille? - Song Xue Jian
27 mai 2006
Beijing, République Populaire de Chine"Toutes mes condoléances"
Cette même phrase, encore et encore et encore. Il n'en pouvait plus. Il était persuadé que trois personnes sur quatre ne la disait que pas pure formalité et qu'ils en avaient rien à faire de lui présenter des condoléances. Il ne s'endure plus depuis 2 jours, la maison familiale de Beijing est beaucoup trop grande sans la présence de sa grand-mère et dès qu'il sort dehors, les voisins parlent.
"Il est très beau, le petit fils de madame Li..."
"En effet, quel dommage que sa grand-mère refuse de le marier."
"Tu n'es pas au courant?! Madame Li est décédée avant-hier!"
Ces voisins qui n'ont même pas le bon sens de parler de lui loin de la portée de ses oreilles, ils sont là à jouer les hypocrites. Ils ne mériteraient pas d'avoir le droit d'être ici.
"Xuejian, ne te retourne pas."
Il regarda l'homme à côté de lui, cet homme qui l'avait traité comme un grand-père l'aurait fait avec son petit-fils même si aucun lien de sang n'existait entre eux. Le second mari de sa grand-mère était plus affligé que lui par ce décès qui ébranlait la famille, pourtant il agissait comme un pilier pour Xuejian, s'assurant que rien ne déboussolait le jeune homme plus qu'il ne l'était déjà.
"Ne pas me retourner?"
"Ton père est là."
Son regard devint probablement très noir car plusieurs personnes le regardèrent avec un regard inquiet. Song Han Wei, ici? Cet homme avait le culot de se présenter à Beijing, aux funérailles de son ex-belle-mère qu'il avait volontairement boycottée à répétitions pendant 20 ans.
"Monsieur Li. Toutes mes condoléances."
"Hanwei, tu n'as rien à faire ici."
"Je suis revenu chercher Xuejian."
Revenir le chercher?! Et puis quoi encore?! Qu'est ce que cet infâme monstre pensait?!
"Il est majeur, il restera ici s'il le désire."
"Sa grand-mère m'a envoyé ceci avant de mourir"
Une lettre, Xuejian pouvait la voir maintenant qu'il s'était retourné avec la ferme intention de dire à son géniteur le fond de sa pensée. Il n'avait pas changé, toujours cette même prestance arrogante et cette façon d'agir qui semblait lui donner tout les droits possibles.
"Elle me suppliait de lui donner une seconde chance."
Outré, il arracha la lettre pour pouvoir y lire son contenu... et ce salopard avait raison. Complètement abasourdi, il l'échappa et regarda son grand-père d'adoption dans les yeux, incapable de parler. Comment sa grand-mère avait-elle pu faire ça?! Il devait y avoir une raison. Prenant le temps de s'asseoir parce qu'il était trop secoué pour tenir debout, il fut assailli d'excuses et d'arguments.
"Je te donne une seconde chance et tu refuses de me donner la mienne?"
Il sortit de la pièce, frustré. Question de se défrustrer, il alla s'asseoir sa cachette préférée. (oui, une cachette à 19 ans XD)... mais au fond de lui-même, la décision était prise, même s'il ne voulait pas l'assumer encore. Il allait s'essayer.
Ça aura pris 20 ans, mais mieux vaut tard que jamais - Song Xue Jian14 juillet 2006
Shanghai, République Populaire de Chine"Je m'en vais voir Xiao Yun. Je reviens plus tard."
Il prit son sac, se dirigea vers la porte, simplement pour se retrouver face à face avec son père. L'homme avait changé depuis que Xuejian était revenu à Shanghai, mais à ce moment-là, son regard fit retomber le jeune homme en enfance. Ce regard n'annonçait rien de bon.
"Ça fait 20 ans que ta mère est morte et tu vas voir XIAO YUN?!"
Oh non, pas encore....
"Je n'ai jamais eu le droit d'aller rendre hommage à Mama... Tu l'as jalousement gardée pour toi comme l’égoïste que t'as toujours été! Donc laisse-moi aller voir celle qui s'est occupé de moi à ta place!"
Il aurait du se taire. La dernière fois qu'il a dit ce qu'il pensait, il avait eu une joue violacée pendant des jours. Il avait encore dépassé les bornes aux yeux de son père, mais maintenant qu'il était justement majeur, ce n'est pas une gifle cinglante qu'il reçu, mais littéralement un coup de poing, puis un autre. Sensible à la douleur, il l'avait toujours été, il ne lui en fallait pas beaucoup pour écraser parterre, ce qui donna l'occasion à son assaillant de lui donner des coups de pied. Connaissant son état, il savait que sa vie était de plus en plus en danger à chaque assaut.
L’adrénaline faisant son effet, il se leva et courut en dehors de la maison, espérant se rendre jusqu'à celle de son ancienne nounou. Il n'eut pas le temps de se rendre jusqu'à la porte, mais écrasa sur la pelouse de leur résidence.
Le lendemain, il se réveilla dans une chambre d'hôpital, son corps dans un état lamentable. Il avait mal partout, peinait à rester éveillé. Dans un bras, une aiguille...on lui transfuse du sang. Il a donc fait une sévère hémorragie. Impossible de bouger sa tête, il tenta ses jambes, pour sentir une horrible douleur dans sa hanche droite. Oh non. Ils l'avaient opéré.
"Xuejian, ça va aller..."
Xiao Yun. Elle était là, tenant sa main disponible avec tendresse. Elle était clairement inquiète, mais faisait tout pour le rassurer, lui.
"Ils ont du t'opérer pour ta hanche, sinon tu n'aurais plus marché. Je leur ai dit de le faire pendant que tu étais inconscient, avec ta phobie....."
Quelle phobie? Celle d'être sous anesthésie générale. D'où elle vient? Des histoires d'horreurs de la mort de sa mère, de comment elle avait été mise sur la table d'opération pour arrêter l'hémorragie et comment elle n'avait pu se battre pour sa vie puisqu'elle dormait... Il avait cette peur horrible de se faire priver de cette chance de survie parce qu'ils l'auraient envoyé dans le monde du sommeil le temps d'une opération.
"Mais c'est fini, maintenant. Ton père a été arrêté pour voies de fait. Tu dois repartir à zéro."
Repartir à zéro? Comment le faire, si tout me ramène au fait que ma mère est morte à ma naissance? - Song Xue Jian 19 Septembre 2007
Séoul, Corée du SudLe petit café à côté de son immeuble était toujours vide à cette heure. C'était le lieu de prédilection de Xuejian depuis qu'il avait immigré en Corée neuf mois plus tôt. C'était une idée de Xiao Yun, dont le mari avait voyagé dans ce pays pour son travail. 'Tu pourras repartir à neuf, ton père ne pourra t'atteindre là-bas. Je sais que tu y trouveras ta place' Elle avait eu raison.
Entre deux cours privés de mandarin donné à des enfants de parents aisés ou à des trainees d'agence ayant des rêves de conquêtes en contrées chinoises, il s'adonnait à l'écriture, en trouvant une occasion de perfectionner son coréen et son hangeul. Étant donné la morosité de son appartement, il allait s'installer au petit café d'à côté et y restait plusieurs heures.
Il s'apprêtait à prendre son verre contenant du thé qu'un autre verre cartonné apparut devant lui. Étonné, il leva les yeux pour voir un jeune homme de son âge qui lui tendait le dit verre.
"Un oolong à cette heure, tu t'organises pour être debout toute la nuit."
Du mandarin. On lui parlait en mandarin, en Corée! Son étonnement était probablement visible car son vis-à-vis se mit à rire doucement. Xuejian se surprit à penser que l'autre était doté d'une beauté époustouflante.
"Tu marmonnes en mandarin quand tu penses trop. Tiens, un chocolat chaud. N'est-ce pas ce que tu bois d'habitude?"
Comment l'autre savait-il cela?!
"Tu es tellement absorbé que t'as jamais remarqué que je viens étudier ici à chaque soir???"
Il secoua la tête, visiblement dérangé par son sérieux manquement à remarquer un autre habitué de l'endroit.
"Park Min Soo."
"Song Xuejian."
Si seulement j'avais su dans quoi je venais de m'embarquer... Je me serais mieux préparé... - Park Min Soo16 mars 2008
Séoul, Corée du Sud"OUI!"
Xuejian soupira et lança un regard offusqué vers le mur séparant les deux chambres de l'appartement. Voilà déjà quatre mois qu'il habite avec Min Soo à titre de colocataire, quatre mois qu'il a droit à une écoute exclusive des aventures nocturnes du beau Coréen. Quatre mois où il ne s'étonne plus de voir sortir fille ou garçon de la chambre d'à côté les lendemains matins.
Bref, Park Min Soo n'est pas qu'un simple étudiant en médecine qui travaille comme mannequin à temps partiel. C'est un véritable débauché lorsqu'il est question des histoires d'un soir.
Sortant ses bouchons, il se les rentra profondément dans les oreilles en regardant le cadran de son réveil-matin. 1:34. Ça fait au moins une heure que ça dure... Mais bon, avec ses bouchons, il dormirait...
...jusqu'à 7:29 le matin. S'étirant, il s'habilla rapidement et sortit de sa chambre, juste à temps pour voir une jeune femme sortir à la hâte de l'autre pièce, jusqu'à la porte de sortie du logement.
"Bon matin, Xue. Bien dormi?"
"Bon matin, Min. Avec mes bouchons, oui."
C'était leur habituelle façon de se saluer le matin, une fois la conquête de Min Soo partie. Que voulez-vous, il avait accepté de devenir le coloc du coréen, il devait vivre avec ce que cela impliquait.
"Je dois aller faire des recherches à l'université. Je serai probablement pas revenu pour le souper."
"Ça t'arrive de revenir pour le souper?"
"Comique."
Le temps que Xuejian déjeune, Min Soo était déjà parti. Les journées étaient longues, à faire du ménage et écrire dans sa chambre... mais celle-ci, il ne la vit pas passer. Ce ne fut qu'à 17h qu'il réalisa qu'il devait peut-être penser à prendre sa douche s'il voulait aller faire quelques courses. Une fois le nettoyage de son être entièrement terminé, il s'enveloppa dans une robe de chambre et sortit de la salle de bain, direction sa chambre...
... et se retrouva face à face avec Min Soo.
Okay, il n'y a rien de gênant dans la situation. Ils se sont croisés en boxers et en serviette plus d'une fois. Mais c'est en levant les yeux que Xuejian compris qu'il y avait quelque chose de différent. Min Soo le fixait avec une telle intensité... l'intensité de quelqu'un qui désire la personne en face de lui.
Il n'eut le temps de réagir qu'il était remonté contre le mur, Min Soo l'embrassant avec force, le retenant dans les airs en l'agrippant sous les cuisses. Xuejian se surprit à soupirer et à lui retourner ses baisers.
Cette nuit-là, c'est lui que l'on entendait dans l'appartement.
Une fois réveillé le lendemain matin, il ne savait plus quoi faire. Il venait de passer la nuit avec son colocataire, avec ce même homme qui accumulait les conquêtes comme de simples numéros. Quel était son numéro à lui? Au moment de sortir du lit pour réfléchir, il sentit Min Soo bouger et passer son bras autour des cuisses de Xuejian qui s'était assit, avant d'y déposer sa tête et de le regarder avec un petit sourire tendre.
"Bon matin Xue. Bien dormi?"
"Bon matin Min. Oui..."
Je ne suis peut-être pas un numéro... Ou si j'en suis un, je suis numéro 1 de la catégorie de ceux que tu as gardé avec toi le matin... - Song Xue Jian3 décembre 2008
Seoul, Corée du SudIl aurait pensé que le fait que Min Soo l'avait gardé avec lui le lendemain matin au lieu de lui montrer la porte comme à tous les autres lui donnerait un statut particulier. Celui de petit ami, en fait. Si c'était le cas, il se demandait s'il n'était pas entré dans un cercle vicieux de concubinage. Min Soo avait continué à ramener des conquêtes à l'appartement, ignorant complètement que de mois en mois, le coeur de Xuejian se brisait à chaque fois qu'il n'était pas celui dans l'autre chambre avec le bachelier en médecine.
Oui, il était amoureux. Non, la personne qu'il aimait ne lui retournait pas ses sentiments. Cependant, Xuejian avait remarqué que ces derniers mois, Min Soo ne ramenait presque plus personne. Une fois de temps en temps, oui, mais ça n'avait plus la prestance et l'extravagance d'autrefois... que se passait-il avec Min Soo?
"Xue....?"
Min Soo était adossé au cadre de porte, le regard grave.
"Il est arrivé quelque chose?!" s'inquiéta-t-il.
"J'ai pris une décision."
Une décision. Quelle décision? Allait-il jeter Xuejian à la porte, car le Chinois brimait sa vie de Don Juan?
"Je ne coucherai plus avec personne d'autre."
Quoi?!
"J'ai besoin de personne d'autre..."
Tant pis pour la lettre qu'il écrivait, il se jeta dans les bras de Min Soo. Ce n'était pas les mots qu'il voulait entendre, mais il savait ce que cela signifiait.
"Je t'aime" était encore trop difficile à dire... Mais je t'aimais déjà, sans le dire. -Park Min Soo1er février 2011
Seoul, Corée du Sud"C'est un excellent livre, Mr. Song."
"Merci..."
Le voilà à une séance d'autographes, en train de signer ses exemplaires de son 2e tome. Min Soo l'avait convaincu de faire publier ses écrits, mais il se doutait pas que cela prendrait une telle ampleur. D'ailleurs, son amoureux avait décidé de l'inviter au restaurant pour fêter le tout ce soir là...
DRIIIIIIIIING
"Wei?"
"Heu, Xuejian? C'est Jin Hyun."
Jin Hyun, le collègue de Min Soo. Pourquoi l'appellait-il?
"Min Soo a eu un accident en se rendant au travail."
Il échappa son téléphone et regarda tous ces gens autour.
"Je me sens pas bien."
Il sortit de la salle en gardant les apparences et se fit conduire par un collègue jusqu'à l'hôpital. Les parents de Min Soo y étaient déjà....
"Ils disent qu'il se réveillera pas, pas tout de suite...."
"Non!"
Il entra à toute vitesse dans la chambre d'hopital, se laissa tomber sur le bord du lit et prit la main de Min Soo entre les deux siennes, les larmes commençant à couler en voyant que son amoureux semblait tout simplement... dormir.
Tu semblais si paisible et pourtant, il y avait tant de dommage dans ta tête... -Song Xue JianMars 2012
Seoul, Corée du Sud"Xuejian, tu devrais arrêter de venir tous les jours. Tu vois bien que ça se développe pas.."
"Je veux venir... Rien m'empêche. Je veux attendre et être ici pour attendre."
Je vais attendre, mon amour... Je vais attendre, même si ça prend quatre, sept, quinze ans. - Song Xue Jian